Bedford Level Experience

Les arguments avancés pour expliquer comment ça marche

L’expérience de Rowbotham

En 1838, Samuel Rowbotham, inventeur et auteur anglais — connu aussi sous le pseudonyme de Parallax — mène ses premières expériences sur le canal de Old Bedford, dans le comté de Cambridge (Royaume-Uni), aux eaux stationnaires pratiquement en ligne droite, sans écluses ou de rares obstacles. Construit en 1652 par des ingénieurs hollandais au service du Duc de Bedford, sa partie en ligne droite est appelée le Bedford Level. 

Il a oublié que dans sa jeunesse, « au cours de son apprentissage des sciences à Blackburn, il [a du s’enfuir] d’un cours car il n’a pu expliquer pour quelle raison la coque d’un bateau gagnant le large se dérobe à la vue avant le mât » – (Wikipédia)

Dans son premier livre édité en 1849, Rowbotham décrit quinze expériences qu’il situe pour la plupart à Bedford Level. Il se base sur les données connues de l’époque, que l’on peut obtenir, selon lui, dans « n’importe quel travail de géométrie et de géodésie ». Il fait également un croquis de la courbure de la Terre pour mieux présenter l’explication de ses expériences : 

Rowbotham veut tester et vérifier les données connues basées sur la Terre ronde et pouvoir les contredire afin de prouver que la terre est plate. S’en suivront 35 années de conférences et de voyages pour faire connaitre son point de vue.

Bedford Canal, Google Earth

Expérience 1 

Rowbotham place un télescope dans le canal dans la partie appelée Welche’s Dam et observe un bateau se déplacer jusqu’à Welney Bridge. Le télescope est placé huit pouces au-dessus du niveau de l’eau — d’après le tableau de Rowbotham, le bateau ne serait visible que jusqu’à un mille — et la distance parcourue par le bateau est de six milles. Pour éviter toute erreur causée par une mauvaise observation, l’expérience est faite dans un après-midi ensoleillé d’été, et il est demandé au rameur de secouer une des rames, afin de se faire bien visible. Rowbotham écrit qu’il a vu le bateau parfaitement, même après les six milles. 

Expérience 2 

Pour cette expérience, Rowbotham place six bâtons de cinq pieds de hauteur espacés d’un mille chacun sur les berges du Bedford Level, avec des drapeaux de trois pieds de surface. Après le dernier de ces bâtons, il place un drapeau plus haut, à huit pieds. Rowbotham observe avec son télescope à une hauteur de cinq pieds, et s’aperçoit que tous les bâtons sont visibles à la même hauteur. 

Expérience 3 

Rowbotham place un théodolite à mi-chemin des deux ponts (le Welney Bridge et le Old Bedford Bridge) distants de six kilomètres. La hauteur du théodolite n’est pas précisée. A trois kilomètres des deux points, il réussit à voir les deux repères. 

Expérience 4 

Six bâtons de hauteur égale et équidistants sont placés le long du canal. Un théodolite est placé à la même hauteur que les bâtons. 

Il est déplacé de point en point, l’observation menant à une confirmation d’un parallélisme entre la surface de l’eau et la ligne de vision, ce qui constituerait un autre argument en faveur de la théorie de la Terre plate. 

Expérience 5 

Un télescope est placé dans un bateau à hauteur de huit pouces, l’objectif étant de voir un tableau d’affichage de 6,6 pieds à une distance de deux milles du bateau. Il décrit la situation de deux formes, en les expliquant par des croquis. 

Si la Terre était ronde, on aurait la situation suivante : l’observateur du bateau ne pourrait pas voir le tableau avec un télescope à cette hauteur.

Bedford Level Experiment retesté par Alfred Wallace 

Le pari de John Hampden 

Suite aux arguments de Rowbotham, ses partisans ont voulu mettre la théorie et les expériences à l’épreuve. John Hampden, une figure locale aux aspirations religieuses, publie une petite annonce dans le Scientific Opinion du 12 janvier 1870, pariant une somme variable de 50 à 500 livres sterlings versée à quiconque prouverait que la Terre est ronde.

Alfred Wallace, naturaliste déjà connu et bien-estimé, accepte le défi. Son but était à la fois financier et pédagogique, allant jusqu’à dire « qu’une démonstration pratique serait plus convaincante que la forme ridicule que ces idées sont normalement reçues ».

L’expérience de Wallace 

L’expérience de Wallace a lieu le samedi 5 mars 1870, un jour ensoleillé. Wallace commence par fixer un grand morceau de chintz au Pont du Old Bedford, avec une épaisse bande noire peinte au centre du morceau de tissu. Puis, il place à Welney Bridge un télescope (donc à 6 milles du Pont du Old Bedford) ; à mi-chemin (3 milles entre les deux ponts), il positionne un poteau rouge avec un marqueur. Les trois objets (le morceau de chintz, le télescope et le poteau) sont placés à la même hauteur, soit 13’3 pieds. Une fois placés, il observe, à partir du télescope, le nivellement du poteau comparé à celui de la bande noire.

Si, après avoir mené son observation, le haut du poteau est au-dessous de la ligne de vision du télescope, la Terre est plate ; par contre, si elle est au-dessus, la Terre serait ronde.

En effet, Wallace a pris en compte les effets de la réfraction atmosphérique et a estimé que le poteau devrait apparaître au moins cinq pieds au-dessus de la ligne de vision du télescope et de l’épaisse bande noire.

Conclusion de l’expérience

L’expérience de Wallace se verra contesté par John Hampden, l’auteur du pari. Quoique le célèbre naturaliste sorte gagnant et reçoive les 500 livres qui lui étaient dues, Hampden, perdant et non-satisfait, produira un article remplit de calomnies envers Wallace. La réaction intempestive de Hampden sera assez ridiculisée entre les médias : Nature résumera la « très amusante expérience » qui aboutit à des menaces de la part de Hampden contre le jury du pari ; dans la section réservée aux correspondances des lecteurs du Field, la dispute de Hampden est qualifiée de « phénomène psychologique très curieux ».. 

Hampden, en effet, était connu même parmi les théoriciens de son camp par son tempérament impétueux. Même Rowbotham lui écrira que sa manière d’agir, au lieu de persuader « par le respect et la considération », était trop « injuste et injurieuse ». Il va plus loin, et lui donnera une leçon de morale par écrit : « Tous les hommes veulent avoir raison dans leur conviction, et ne veulent pas tomber dans l’erreur ». L’agressivité de Hampden, contre Wallace, les mène aux tribunaux. Le 10 août 1871, le New York Times publiait un article annonçant la décision de la justice britannique : suite aux diffamations entretenues à l’égard de Wallace, Hampden est contraint de payer une indemnisation de 600 livres sterlings. Ce fut donc un pari assez rentable pour Wallace. Rowbotham publiera cependant une version bien plus étoffée de son « Astronomie Zététique » en 1881.

Il a donc été de tout temps facile de ridiculiser un platiste.

cyberlolo@terre-plate.org

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2 réponses

  1. Cyril dit :

    Salut Laurent,
    Une petite coquille dans l’article : «Dans son livre premier livre édité en 1849, Rowbotham décrit quinze expériences ».
    Merci pour ce superbe site !

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